Chapitre 29
— C’est réel, murmura-t-elle entre deux baisers. Je suis vraiment là.
— Comment as-tu fait ?
— Je désirais tellement être avec toi… que j’ai fini par y arriver.
Elle prit la main de Conrad pour la poser sur sa poitrine. Avec un grognement de plaisir, il caressa un sein, puis l’autre. Son souffle se fit plus court.
Néomi le désirait, mais elle était un peu perdue. Elle avait beau avoir envie de lui, elle s’inquiétait. Elle sentait son érection contre sa hanche, le gland si large, si chaud et lisse qu’on eût dit un fer rouge contre sa peau.
Comme il devenait un peu brutal avec sa poitrine, elle s’écarta.
— Conrad… plus doucement.
Il lâcha son sein, en effleura la pointe du bout d’un ongle, puis de la partie charnue de son doigt.
— C’est mieux ? demanda-t-il lorsqu’elle lâcha un gémissement.
Elle fit oui de la tête. Un tueur était en train de promener délicatement ses mains calleuses sur son corps… Quel contraste après cette bagarre sanglante !
Il continua, s’attardant sur un sein, puis sur l’autre. Le plaisir était presque douloureux.
— Dis-le-moi… Dis-moi que tu aimes ça.
— Mmm… j’aime ça, oui.
— Je les sens battre entre mes doigts, koeri.
Elle gémit de nouveau, se cambra. Il répondit en prenant son sein entre ses lèvres, le suçant, l’aspirant encore et encore. Puis il remonta une main le long de sa cuisse et, lentement d’abord, frotta son sexe contre la hanche de Néomi.
— Écarte les cuisses, s’il te plaît, murmura-t-il sans quitter son sein. Je veux te toucher, te découvrir…
Elle se raidit un peu. Elle n’était plus vierge, mais il pouvait malgré tout lui faire mal.
Il poussa son genou du plat de la main.
— Ouvre les cuisses, pour moi.
Elle hésita, puis obéit.
— Ah, voilà. Laisse-moi te regarder, maintenant.
Après un dernier coup de langue, il abandonna sa poitrine et se redressa. Lorsqu’il baissa les yeux sur le sexe de Néomi, il poussa un long soupir, et son membre tapa contre son ventre, impatient.
Néomi se sentait étourdie par le désir. Elle passa une main sur le dos musclé de Conrad et, au même moment, il fit glisser son index le long de son sexe.
Elle avait envie de l’embrasser, de le lécher, d’écarter encore plus les cuisses pour lui…
Il introduisit son majeur en elle.
La sensation de plénitude la fit s’arcbouter, et gémir un peu plus fort encore. Il s’aventura plus loin, lentement. Lorsqu’il s’arrêta, elle poussa un cri.
— Je t’ai fait mal ? s’inquiéta Conrad.
— Non ! Non, je t’en prie, ne t’arrête pas !
— Tu es étroite. Tu es tellement étroite, murmura-t-il en faisant aller et venir son doigt en elle.
Jamais elle n’avait vu d’homme aussi excité, aussi dur, et pourtant, il prenait son temps, prenait le temps de découvrir son corps, de le préparer, comme elle le lui avait recommandé.
La montée en puissance doit être progressive… Mais jusqu’où ?
— Conrad, je t’en prie…
— Tu jouiras, comme ça ?
— Oui, et très vite…
Les lèvres entrouvertes, le souffle court, Conrad regardait son doigt glisser dans le sexe lubrifié de Néomi.
— Oh, Conrad… oui… oui ! gémit-elle, se laissant aller au plaisir.
Il était stupéfait de voir à quel point le corps de Néomi était prêt pour lui, de sentir ses chairs intimes presser son doigt.
— C’est parfait, souffla-t-il.
Jamais il n’aurait imaginé qu’une femme puisse s’abandonner de la sorte.
Et il ne s’agissait pas juste d’une femme. C’est ma femme.
Des désirs inconnus l’assaillaient. Il éprouvait le besoin puissant de la plaquer sur le lit, pour qu’elle ne puisse lui échapper ; l’envie de lui dire combien elle le satisfaisait. Il se pencha pour le lui murmurer à l’oreille, mais ses mots devinrent gémissements lorsqu’elle s’arc-bouta pour aller au-devant de son doigt.
— Plus haut… avec ton pouce, lâcha-t-elle, haletante.
Ravi de constater à quel point le petit clitoris avait gonflé sous l’effet du plaisir, il entreprit de le caresser, le contourna de son pouce.
— Oh, oui… Conrad.
Grâce au doigt qu’il avait laissé en elle, il sentait le sexe de Néomi se contracter, au bord de l’orgasme. Il voulait la faire jouir. En avait absolument besoin. Rien qu’en la caressant.
L’idée de glisser son sexe dans ce gant étroit et moite le rendait fou, mais il voulait d’abord sentir ce qu’il se passerait lorsqu’elle jouirait.
Elle frémissait, tremblait, au sommet de la vague.
Puis, soudain, elle se raidit, et tandis que ses lèvres s’ouvraient sur un cri silencieux, elle écarta plus largement encore les cuisses, sombrant dans le plaisir.
Il dut faire un effort prodigieux pour ne pas se répandre contre sa hanche lorsqu’il sentit combien elle retenait son doigt, l’enserrait de sa chair trempée, encore et encore. Stupéfiant…
Cette fois, il ne pensait plus qu’à une chose : il fallait qu’elle fasse la même chose autour de son membre. Dès qu’il la sentit se détendre, il s’agenouilla entre ses cuisses.
Néomi flottait encore dans les brumes de l’orgasme mais elle avait toujours faim de lui, et ses hanches ondulaient, comme pour lui demander de la combler, de se glisser en elle.
Il plaqua ses hanches contre les siennes, donna un coup de reins pour la pénétrer. Au même moment, elle bascula le bassin. Il lâcha un cri lorsque son gland glissa sur ses chairs intimes, chaudes et humides. Elle perdit tout contrôle, agitant la tête contre l’oreiller.
En sueur, serrant les dents pour se maîtriser, il tenta de nouveau de la pénétrer, mais elle bascula le bassin de la même manière. Il la maintint par les hanches pour s’enfoncer en elle, mais la plaquer ainsi sur le matelas la fit se cambrer un peu plus. La pointe durcie de ses seins vint effleurer le torse de Conrad.
— Arrête, koeri ! Sinon, je vais me répandre sur toi !
— Je m’en fiche, grogna-t-elle.
— Tu es… Tu vas… jouir, encore ?
— Oui ! Oh, oui !
Lorsque le gland de Conrad glissa jusqu’à son clitoris, elle referma les poings sur les draps, se frotta frénétiquement contre lui.
— Conrad ! hurla-t-elle.
Elle bougeait follement, sa poitrine dressée tressautant au rythme de ses mouvements.
C’en était trop. À sa plus grande honte, Conrad explosa.
— Tu me fais jouir aussi ! lâcha-t-il dans un cri, projetant de longs jets de semence sur le ventre et la poitrine de Néomi.
Jamais il n’avait connu tel plaisir. De nouveau, il se frotta contre le clitoris de Néomi et continua de jouir, le corps secoué par des coups de reins incontrôlés.
Quand, enfin, il retrouva son calme, il enfouit son visage dans ses cheveux. Bouleversé par le plaisir qu’il venait d’éprouver, il s’enivra de son parfum.
Et soudain, il prit conscience de ce qu’il venait de faire. Il avait tenté de s’accoupler à sa promise et s’était humilié en n’y parvenant pas, perdant sa semence avant de la pénétrer. La frustration s’empara de lui, et il tapa du poing sur le matelas.
Pourtant… elle l’embrassait. Semblait heureuse.
— Nous avons toute la nuit, mon trésor, murmura-t-elle en lui mordillant le lobe de l’oreille. À la cinquième ou à la sixième fois, je suis sûre que tu tiendras aussi longtemps que tu le souhaiteras. Va chercher une serviette…
À contrecœur, il se leva et se dirigea vers la salle de bains, avec le sentiment qu’il partait pour une chevauchée de plusieurs années en quête du Graal. Oui, la quitter, même quelques instants, était difficile à ce point. Il redoutait encore qu’elle disparaisse.
Comment Néomi avait-elle pu se réincarner ? Cette question le taraudait. Un tel miracle avait de quoi le faire douter de sa santé mentale. Une nouvelle fois.
Sa seule certitude était que, quelques jours plus tôt, elle était… morte. Et qu’aujourd’hui, elle vibrait de vie.
Mais, à y repenser, il avait vu des choses bien plus étranges, dans le Mythos, et il avait du temps devant lui pour découvrir son secret. Pour l’heure, une seule chose lui importait : se glisser de nouveau contre elle, entrer en elle et la faire jouir encore.
Il avait toujours entendu dire que satisfaire une femme était du domaine de l’impossible, du fantastique, même. À cette idée, il se redressa, fier de lui. Il n’avait peut-être pas fait de Néomi sa femme au sens où on l’entendait d’ordinaire, mais il lui avait donné plusieurs orgasmes dès le premier essai.
À cette évocation, il sentit sa verge se raidir. Il s’était vidé de sa semence, mais lorsqu’il attrapa une serviette, son sexe était de nouveau en érection.
Cinq ou six fois ? Au moins, koeri.
Lorsqu’il regagna la chambre, Néomi dormait profondément, les lèvres entrouvertes, ses longs cils frôlant ses joues rosies par l’amour, un bras replié sous la tête, la paume contre son visage.
Il devrait attendre. Mais il imaginait sans peine la fatigue qui devait être celle de Néomi après une nuit comme celle qu’elle venait de vivre. Réincarnée, attaquée, et probablement enivrée – sur ses lèvres rouge sombre, il avait vu et goûté le vin.
Il se pencha sur elle et l’essuya délicatement, s’émerveillant de ses formes. Son corps était à la fois robuste et souple. Un corps de danseuse, qui avait répondu à ses caresses comme s’il y avait été préparé. Rien ne lui avait jamais été plus agréable.
Ma femme, pensa-t-il avec une bouffée d’orgueil. Aucun vampire n’en a de si belle.
Après l’avoir essuyée, il l’examina à loisir. À quatre pattes, au-dessus d’elle, il la parcourut du regard.
Il redoutait d’être bientôt obsédé par ses seins, par leur façon de bouger, leur douceur, et par cette façon qu’ils avaient de durcir, de se diriger vers lui comme pour réclamer la caresse de ses lèvres et de sa langue.
Il émit un grognement et caressa son sexe dressé, encore étonné par cette raideur inconnue. La prochaine fois qu’il jouirait, ce serait en elle, en l’écoutant hurler son plaisir.
Il avait toujours regretté de ne pas avoir fait l’amour au moins une fois dans sa vie. La curiosité l’avait toujours animé – désormais, elle le taraudait.
Prendre Néomi serait à coup sûr une expérience hallucinante. Il ne s’y connaissait pas encore assez pour savoir comment il réagirait lui-même. Une expérience hallucinante ? Il n’était pas sûr que ce fût la meilleure des choses pour un vampire fou.
Et comment devrait-il s’y prendre pour ne pas faire de mal à ce petit corps ? Ce soir, il avait découvert combien le sexe de Néomi était étroit, et il redoutait de ne pouvoir s’introduire en elle sans la faire souffrir.
Il tenta de mettre de côté ses doutes. Ignorant le battement lancinant dans sa verge, il s’allongea et attira Néomi contre lui. Lorsqu’elle glissa sa jambe si douce par-dessus ses genoux et un bras sur son torse, il eut un soupir de contentement. C’était exactement ainsi qu’il les avait imaginés partageant ce lit.
Il savait que son érection durerait toute la nuit, mais il décida de savourer cela, comme le reste.
Toute la nuit, il sentirait le contact de la peau de Néomi, le parfum de ses cheveux, sentirait battre son cœur contre lui et se laisserait bercer par son rythme régulier…
Au petit matin, il se réveilla en sursaut et se redressa dans le lit. Penché sur elle dans un mouvement protecteur, il regarda autour d’eux, tendit l’oreille.
Mais il n’y avait personne. Juste le vent.
Elle murmura quelque chose dans son sommeil, se tourna contre lui. Sa femme était si fragile, si… mortelle. Elle avait perdu son invulnérabilité de spectre. Il la mettait en danger rien qu’en la gardant à ses côtés.
Les Woede savaient désormais qu’il avait une faiblesse, et ils essaieraient sans relâche de l’enlever.
Dans leur esprit, elle était aussi importante que la couronne de Rydstrom. Conrad leur donnerait avec plaisir l’information qu’ils cherchaient, s’il parvenait à la tirer de son esprit, mais jamais ils ne croiraient qu’il ne la possédait tout simplement pas. Et pour cette raison, ils représentaient une menace pour Néomi.
Quant à la malédiction de Tarut, il avait vécu jusque-là avec elle comme avec un fardeau pesant en permanence sur ses épaules. Désormais, il était absolument impératif d’éliminer le démon.
Conrad avait vu son rêve se réaliser. Existait-il une force qui chercherait maintenant à le lui reprendre ?
S’il croyait ne serait-ce qu’en partie au pouvoir de la malédiction, pouvait-il faire courir ce risque à Néomi ? Était-ce juste pour elle ? Mais peut-être que le mal avait déjà été fait. Dans ce cas, l’abandonner maintenant, ne serait-ce pas la laisser sans défense, vulnérable ?
Quoi qu’il en soit, conclut Conrad, Néomi ne serait pas en sécurité tant qu’il n’aurait pas obtenu la tête de Tarut.
À contrecœur, il la laissa dormir et glissa au rez-de-chaussée. Il connaissait un moyen de la protéger, du moins tant qu’elle resterait à Elancourt. Devant la grande porte d’entrée, il effleura du bout des doigts le plâtre du mur et s’en servit de craie pour tracer la formule ancienne. Quand il fut certain que personne ne s’aventurerait chez eux, il retourna se coucher.
Dès son réveil, il s’occuperait de trouver pour Néomi tout ce dont elle semblait manquer : nourriture, vêtements, accessoires féminins…
En la reprenant dans ses bras, il repensa à la nuit qui venait de s’écouler. Néomi l’avait regardé comme un héros, un protecteur, malgré ce qu’elle savait de lui. Elle lui avait dit qu’elle croyait en lui.
Cette nuit, il ne l’avait pas déçue.
Jamais il n’oublierait la conviction absolue avec laquelle elle avait dit : « Maintenant, je sais ce que tu étais. » Elle plaçait une telle confiance en lui…
Mais elle ignorait qu’il rêvait, en secret, de boire à son cou.
Je suis la pire menace qui pèse sur elle.
Même au plus fort du plaisir qu’elle lui avait procuré ce soir, il avait eu peur pour elle. Elle faisait sourdre en lui des pulsions dangereuses.
Si tu tiens à elle, tu la laisseras partir, lui murmura sa conscience, éteinte depuis si longtemps. Mais il resserra son étreinte autour de Néomi, pour la sentir plus près encore. Elle est mienne.